Le
film, dans un premier retour en arrière, nous montre Mozart enfant qui, sous le
regard extasié de Léopold, joue du clavecin devant le Pape avec les yeux bandés
; juché sur un tabouret, l’enfant exécute ensuite quelques mesures au violon.
C’est
à la fois vrai et faux : si Mozart, entre 7 et 10 ans, a bien fait le tour des
cours européennes, il n’est allé en Italie qu’à 13 ans révolus et n’a jamais
joué devant le Souverain Pontife - même si le pape Clément XIV le reçut
effectivement en audience et le décora « Chevalier de l’Éperon
d’or », alors que Wolfgang n’avait que quatorze ans.
D’autre
part, Mozart ne joua pas de violon devant les grands de ce monde lors de cette longue tournée
européenne. A Linz, en revanche (à la frontière autrichienne), il exécuta un menuet sur son petit violon d'enfant pour impressionner le douanier - évitant au passage à ses parents la fouille de leurs bagages ! Wolfgang n’a en fait commencé sérieusement l’étude de cet instrument
qu’à onze ans passés.
Et lorsque Léopold voulait impressionner l’auditoire, il faisait recouvrir le clavier d’une étoffe par-dessus laquelle son petit garçon jouait avec la même précision que si les touches avaient été visibles. Mais c’est là un exploit difficile à rendre à l’écran, ce qui explique sans doute l’option des « yeux bandés » finalement choisie par le metteur en scène.
Et lorsque Léopold voulait impressionner l’auditoire, il faisait recouvrir le clavier d’une étoffe par-dessus laquelle son petit garçon jouait avec la même précision que si les touches avaient été visibles. Mais c’est là un exploit difficile à rendre à l’écran, ce qui explique sans doute l’option des « yeux bandés » finalement choisie par le metteur en scène.
Une
chose pourtant est authentique, dans le récit du Salieri de Forman :
Léopold Mozart a effectivement « tout appris à son fils ».
Contrairement à tous les jeunes garçons de son temps (comme Michel et Joseph
Haydn, sans parler de Léopold lui-même), ni Wolfgang ni sa sœur Nannerl (absente
du film) n’allèrent en pension chez les frères. Ils apprirent à lire, à écrire
et à compter avec leur père, une chose de tout à fait exceptionnelle à cette
époque : car nous savons que Mozart et Constance mettront eux-mêmes leur fils aîné en
pension à la campagne, dès que « le Karl » aura atteint l’âge de sept
ans (l’âge de raison) - deux mois à peine avant la mort de son père.
Ce
choix de Léopold fut très heureux car on peut se demander avec angoisse
comment le petit Wolfgang – certes surdoué mais très vulnérable affectivement
- aurait survécu dans un internat du
XVIIIème siècle ! Léopold aurait-il gardé un souvenir mitigé de ses
propres années de pension chez les Jésuites d’Augsbourg ? Toujours est-il
qu’en plus des trois langues étrangères qu’il maîtrisait - l’italien, le
français et l’anglais -, Léopold enseigna à ses deux enfants, à domicile, les
disciplines musicales qu’il jugeait indispensables : clavecin, violon,
chant, orgue et composition.
Qu’il
en soit éternellement remercié !
Merci pour tous ces passionnants articles sur Mozart !
RépondreSupprimerJe les découvre en même temps que le film en question qui passe en ce moment sur Arté :)
Musique magique évidemment :)
Bonjour,
RépondreSupprimerJe n'ai pas revu "Amadeus" sur Arte hier soir. Certes, vous avez raison, la musique en est magique (c'est du Mozart !) mais je n'en dirais pas autant de ce film malgré la beauté à couper le souffle de ses images et du talent de ses acteurs.
J'espère que mon blog vous servira à faire la part des choses entre la vérité historique et les fantasmes de Forman
Bien à vous
Michèle Lhopiteau-Dorfeuille
Non seulement Mozart était spécial, avait des dons hors du commun, mais il est resté - le peu d'informations que j'ai en témoigne - un grand enfant psychologiquement et affectivement toute sa vie. Sa musique ne peut être comprise si on est trop sérieux.
RépondreSupprimerJe ne sais plus qui disait que jouer Mozart était facile pour les débutants et difficile pour les professionnels. Quelque chose comme ça. C'est la nature même de sa musique à la fois simple et grandiose.
Tout cela pour dire que les enfants très doués, très musiciens devraient jouer Mozart, Ils y gagneraient, le public y gagnerait, et Mozart y gagnerait aussi.
jean-louis