lundi 5 mars 2012

« Mais pourquoi Dieu a-t-il choisi cet enfant obscène pour instrument ? »

Salieri évoque ensuite une scène, pour lui très choquante, à laquelle il dit au prêtre avoir assisté en cachette : Mozart lutinant Constance sous une table, dans la résidence même de l’archevêque Colloredo et juste avant le début d’un concert qu’il devait diriger. Puis Mozart faisant sa demande en mariage à la jeune fille en s’exprimant à l’envers (pas en verlan, mais vraiment à l’envers). Et enfin lui faisant deviner des expressions aussi élégantes que « trou de mon cul » etc…(je vous renvoie au film pour en savoir davantage).

Pour écrire cette scène (imaginaire, faut-il le préciser), Forman et son conseiller se sont basés sur le fait que Mozart, en tournée en Italie, signait parfois « Trazom » ses lettres à sa sœur et à sa mère, et jouait volontiers avec la langue allemande qu’il aimait en effet à triturer et parfois à inverser. Mais il n’avait alors que 14 ans. Furent également prises en compte certaines lettres de Wolfgang à sa cousine germaine – avec qui il avait fricoté à l’age de 21 ans -, des lettres dont certaines contiennent des plaisanteries scatologiques ; mais cela ne faisait pas de Mozart « un enfant obscène », pour citer le Salieri ulcéré du film : il était simplement un homme du XVIIIème siècle, où ce type de propos était courant et même prisé de tous, y compris dans les milieux aristocratiques. La chose est certes difficile à admettre aujourd’hui mais voici, à titre d’exemple, un compliment versifié daté du 23 octobre 1777, adressé par une amie de Nannerl à la mère de Mozart et qui parle mieux que de longs discours :

Dis à ta mère, que je vénère,
Que je l’aime toujours et la revoir espère.
Que son amitié soit présente,
Aussi longtemps qu’au cul elle aura une fente.
Portez-vous bien, chers amis, dans la joie et ce qu’il vous plait,
Et faites de temps en temps un petit duo de pets ».

Étrange époque, en vérité !

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