Il
existe deux portraits authentiques de Mozart adulte, tous deux réalisés en
avril 1789 et qui nous montrent effectivement le compositeur « en
cheveux », corroborant ainsi la description d’O Kelly : celui peint
par son beau-frère Joseph Lange et la miniature à la pointe d’argent, qui orne
la couverture de mon essai sur Mozart et que nous devons au talent de Doris
Stock. On y voit effectivement un homme frisé aux tempes déjà dégarnies, avec
quelques fils blancs au dessus des oreilles et dont les cheveux (chez Doris du
moins, car le portrait de Lange est inachevé) sont rassemblés sur la nuque et
attachés par un long ruban foncé. Le portrait de Mozart aujourd’hui le plus
utilisé – en redingote rouge, avec une
perruque blanche et surtout un air méprisant – est un faux peint en 1813 à
partir d’un portrait de Mozart à Salzbourg, à peine sorti de l’adolescence et
posant avec son père et sa sœur en tenue d’apparat.
Parlons à présent du ricanement chevalin dont Forman a absolument
tenu à affliger Mozart – alors qu’aucun des proches du compositeur n’en a
jamais fait mention dans les documents qui nous sont parvenus. Sophie, la plus
jeune sœur de Constance, de loin celle qui a donné le plus de renseignements
sur Wolfgang, nous fait entrevoir une personnalité bien différente :
« Il était toujours de bonne humeur
mais même là, très absorbé, regardant dans les yeux d’un regard perçant,
répondant à tout, que ce fût gai ou triste, avec à-propos, bien qu’il parût
absorbé par autre chose. Même en se lavant les mains, le matin, il allait et
venait dans la chambre, ne restait jamais tranquille, choquant un talon contre
l’autre, et toujours réfléchissant. À table, il prenait souvent un coin de sa serviette,
le tordait, se le passait et repassait sous le nez, et, absorbé dans ses
pensées, semblait ne pas s’en rendre compte. Souvent il joignait à ce geste une
grimace de la bouche…Il était toujours en mouvement des mains et des pieds,
jouait toujours avec quelque chose, son chapeau, ses poches, sa chaîne de
montre, des chaises, comme avec un clavier ».
Bonsoir
RépondreSupprimerEn fait Milos Forman se serait référer à une correspondance d'une dame de haute lignée qui, lors d'une soirée, aurait eu Mozart parmi ses invités. Cette dame exprimait dans une lettre sa stupéfaction devant Mozart "comment cet homme doué d'un tel génie puisse avoir un rire aussi bestial". Personnellement, je considèrerais le rire prêté à Mozart dans le film, davantage puérile que bestial. Mais, comme vous le dites, il est fort peu probable que le rire de Mozart devait être tel que Forman le présente.
Dans le livre de Nissen, Contance Mozart dit que son mari "riait pour des bêtises" et non qu'il avait un rire bête. La nuance est de taille.
SupprimerCordialement,
Michèle Lhopiteau-Dorfeuille